Interview de Karine Bouhier sur la construction durable- Entreprise de fabrication et pose de charpente, et les propositions de la Fédération Française du Bâtiment pour réussir la transition énergétique.

Je suis codirigeante d’une entreprise familiale que j’ai repris avec mon frère en 2004. L’entreprise existe depuis 42 ans. Quand on a repris l’entreprise, mon frère et moi avons souhaité, par nos expériences, entamer une démarche environnementale de construction durable. Donc on a commencé par adhérer à une charte qui s’appelait « Construction bois 21 », et dans cette charte on avait notamment un volet bilan carbone à effectuer. Donc on a effectué ce bilan carbone en 2009. Les résultats sont arrivés début 2010, avec notamment des conclusions et des points sur lesquels on devait travailler.
On s’est aperçu que la première chose c’était nos achats de bois puisque d’une part nous n’avions pas de certification sur les bois que nous achetions, et d’autre part on achetait des bois majoritairement à l’extérieur de la France. Donc on a travaillé les deux points en pensant construction durable, déjà en se faisant certifier (on a choisi le label PEFC). On s’est aperçu que nos déplacements impactaient énormément notre bilan carbone, donc on a mis en place un suivi de notre flotte véhicules. On a embauché une personne qui s’en occupe et qui a aussi un autre poste, qui est magasinier. C’est lui qui s’occupe régulièrement de l’entretien, pour entretenir nos véhicules. Nous, la direction, on choisit aussi en amont ; on choisit des véhicules plutôt performants au niveau consommation. Du coup on essaye de garder un parc qui a moins de 5 ans d’âge, pour être toujours aux dernières technologies sur les consommations.
Toujours dans la démarche « Charpente 21 » construction durable et suite au bilan carbone, on s’est aperçu que sur les déchets on pouvait travailler différemment de ce que l’on faisait. A savoir que tous nos déchets étaient retraités par un prestataire extérieur et on avait pas mal de déchets qui étaient des déchets de bois traité. Donc sur 5 ans on a étalé un programme : d’abord pour essayer de voir comment on pouvait faire pour acheter du bois non traité, et ne traiter que ce qui était nécessaire. Donc on a investi sur une cabine d’aspersion, qui a l’avantage de concentrer très peu de produit de traitement, et on traite juste ce qui va être posé et pas l’ensemble de nos bois, alors qu’avant on achetait des bois tous traités.
Auprès de nos clients ces actions sont valorisées de deux façons. On travaille en construction durable sur des marchés d’appels d’offre publics et privés. Du coup on fournit des mémoires techniques à l’appui de nos offres. Dans les mémoires sont déclinés ce que l’on a fait sur les déchets, sur les véhicules, sur les achats de bois aussi, le fait que l’on soit certifiés. Tout cela est expliqué dans notre mémoire technique et on s’en sert aussi comme appui commercial quand on est en démarchage. Sur les clients particuliers, on essaye de les emmener le plus possible en visite dans l’entreprise (c’est pour cela aussi que dans l’entreprise on fait attention au niveau de l’environnement et de la propreté du site). On les incite à venir nous visiter et on leur explique en fait tous ces points, notre idée de construction durable, tout ce qu’on a mis en place. Eux ça les rassure pour le projet qu’ils vont faire avec nous derrière.